Bien que placé officiellement au second
rang seulement parmi les villes de la Décapole, Colmar n'en était
pas moins de beaucoup la plus importante, et l'on peut même
dire, qu'au point de vue politique tout au moins, c'est elle seule
qui donnait quelque poids à la confédération
des villes impériales. Situé au milieu d'une plaine
fertile, couverte de champs, de pâturages et de vignobles,
traversé par la Lauch et par un bras de la Fecht, à proximité du
cours de l'Ill qui devient navigable dans le voisinage immédiat
de la cité, pas trop éloigné du Rhin, débouché naturel
pour la large et fertile vallée de Munster, Colmar est devenu
de bonne heure la ville principale de la Haute Alsace et l'est resté jusque
vers la fin du premier tiers du XIXème siècle. Sans
avoir jamais exercé une influence décisive dans les
luttes provinciales du moyen âge, elle n'en avait pas moins
joué un certain rôle dans le passé de l'Alsace.
Au début du XVIIème siècle, c'était une
place assez forte, aux nombreux bastions, aux cavaliers puissants,
qui avaient remplacé peu à peu, depuis la fin du XVIème
siècle, les vieilles tours du moyen âge; on y travaillait
encore au moment où éclata la guerre de Trente Ans.
La ville, aux rues étroites et resserrées comme celles
de toute place forte datant de si loin, présentait néanmoins
quelques édifices considérables. Parmi les églises,
on y remarquait tout d'abord celle de Saint-Martin, commencée
au Xllle siècle, et restaurée de nos jours, puis celle
de Saint Pierre, alors temple protestant, et livrée aux Jésuites
en 1698. Parmi les couvents, nous ne nommerons que celui des Dominicaines
des Unterlinden, dont les vastes salles et les cloîtres ombreux
renferment, depuis le bombardement dé Strasbourg et la destruction
de ses musées, les plus belles collections artistiques et archéologiques
de l'Alsace. En fait de bâtiments civils, on peut mentionner
l'ancien Hôtel de Ville, le Wagkeller, devenu, vers la fin du
XVIIe siècle, le palais du Conseil souverain ; la Douane ou
Kaufhaus, les grands greniers de la ville (Kornlaub), etc. Un visiteur
français disait de Colmar, en 1685, que c'était « une
belle ville, à peu près comme Meaux. Les maisons en sont à la
mode du pays, c'est-à-dire sans aucun ornement d'architecture,
mais seulement enjolivées par le devant de quelques médiocres
peintures. Les rues m'en parurent serrées et tortueuses ».
Ichtersheim, au contraire, moins gâté sans doute que le
touriste parisien, nous assure que les rues étaient belles et
bien pavées, et que la population de la ville, du moins les
gens aisés, se recommandaient à la fois par leur moralité et
par leur aménité.
Cette population ne s'occupait guère d'industrie, un peu plus
de commerce, trafiquant avec Strasbourg, Bâle ou Montbéliard,
et vivait principalement du rendement de ses champs et de ses vignobles,
ainsi que de l'élève du bétail. Aussi n'a-t-elle
progressé que fort lentement, plus lentement peut-être
que n'importe quelle autre localité de la province. On affirme
qu'elle comptait environ 9.000 âmes au milieu du XVle siècle.
A la veille de la Révolution, après un siècle
de paix profonde pour la Haute Alsace, il n'y eu avait encore que 11.000.
En 1697, La Grange lui donnait 1.100 maisons, 1.478 familles 10.142 âmes.
Au rapport de l'intendant, la population était alors à peu
près exactement partagée au point de vue confessionnel,
mi-luthérienne, mi-catholique, comme déjà un demi-siècle
auparavant.
Vu l'importance relative de Colmar, on nous permettra de nous étendre
un peu plus longuement sur son passé que sur celui des autres
villes de la Décapole. La recherche de ses origines nous fait
remonter assez loin en arrière, alors même que nous ne
nous arrêterons pas aux temps préhistoriques, comme certaines
découvertes nous y autoriseraient peut-être. Au VIIIème
siècle, la future métropole de la Haute Alsace n'était
encore qu'une villa royale. Ce domaine du fisc, fut donné plus
tard, soit à l'abbaye de Munster, soit à l'abbaye de
Payerne, dans le pays de Vaud, et c'est sur ces terres ecclésiastiques
que se fit le groupement initial qui constitua le village, puis le
bourg de Colmar. Il du ses premiers privilèges aux Hohenstaufen,
comme mainte autre localité de la province. Le bailli provincial
Woelfelin le fit enceindre de murailles et, en 1226, l'empereur Frédéric
II accordait à Colmar les privilèges d'une ville impériale.
A partir de ce moment, les populations voisines vinrent y chercher
volontiers un abri, et sous l'impulsion de prévôts énergiques,
dont les plus célèbres par leur valeur et leur sort tragique
furent les deux Roesselmann, nous voyons la nouvelle cité prendre
une part active aux luttes locales incessantes de la haute Alsace,
ainsi qu'aux guerres plus générales entre la maison d'Autriche
et celles de Wittelsbach et de Luxembourg. Au milieu de ces querelles
extérieures à peu près continuelles, Colmar poursuit
le développement de ses institutions municipales et le statut
de 1360 lui donne une constitution à la fois démocratique
et suffisamment conservatrice pour empêcher dorénavant
les mécontentements et les querelles du dedans. Elle traverse
aussi, non sans de pénibles efforts, les guerres du 1Ve siècle,
l'invasion des Armagnacs et des Bourguignons, puis elle jouit d'une ère
de repos relatif qui se prolonge jusqu'au moment de la Réforme.
Le grand mouvement religieux et politique, si intense dans la Basse
Alsace, grâce à l'exemple et à l'influence de Strasbourg,
ne se fit sentir d'abord que faiblement clans la partie méridionale
de la province. Enserré de toutes parts par des terres ecclésiastiques
ou par celles de la maison d'Autriche, Colmar resta longtemps à l'écart
de l'effervescence générale et le nombre des partisans
de la doctrine nouvelle, bien qu'il s'en trouvât de bonne heure,
y fut pendant des années peu considérable.
Le gouvernement leur manifesta d'ailleurs sa tolérance en leur
permettant de suivre le culte luthérien de Horbourg, sur terre
wurtembergeoise, aux portes de la ville. Lorsque les protestants de
Colmar virent grossir leur chiffre, le Magistrat se montra même
disposé à consentir à l'organisation d'un prêche
dans la ville même (1568) mais cette tentative échoua
grâce aux efforts des bourgeois catholiques et du clergé.
Sept ans plus tard, la situation changea. Un certain nombre de notables
de Schlestadt, expulsés de leur ville natale pour cause d'hérésie,
vinrent s'établir à Colmar et furent portés bientôt
au Magistrat, dont la majorité se trouva ainsi gagnée à la
foi nouvelle. Aussi, soutenu par une partie notable de la bourgeoisie,
le Conseil décréta-t-il, en 1575, l'introduction officielle
du luthéranisme à Colmar. Aux remontrances de l'empereur
Rodolphe II, il répondit qu'il ne faisait qu'user d'un droit
formel, reconnu par le traité d'Augsbourg à tout État
de l'Empire, et dans l'équilibre instable où se trouvaient
alors toutes choses, on n'osa pas employer de moyens de répression
matériels.
Pendant une quarantaine d'années, le protestantisme domine donc
dans la cité, sinon dans les rangs de la bourgeoisie elle-même,
du moins dans ceux du Magistrat permanent; celui-ci, formé de
partisans décidés de Luther, exclut à son tour
les adversaires de toute participation au pouvoir exécutif de
la cité, ou ne leur accorde du moins qu'un certain nombre de
places parmi les conseillers annuellement élus.
Cette situation pénible devait naturellement aigrir les catholiques,
et ils attendaient avec impatience une occasion favorable. pour prendre
leur revanche. Une fois l'électeur palatin écrasé et
le roi de Danemark refoulé dans ses îles, l'empereur Ferdinand
II s'empressa d'accueillir leurs doléances; dans un rescrit
du17 juillet 1627, il sommait le Magistrat protestant de revenir à l'ancienne
foi ou d'abandonner le pouvoir, et comme celui-ci ne faisait pas mine
d'obéir, des commissaires impériaux vinrent, en 1628,
hâter la révolution politique et religieuse. Le culte
protestant fut supprimé, les luthériens non seulement éloignés
du Conseil, mais bannis en grand nombre, et le catholicisme régnait
en maître à Colmar quand un nouveau revirement s'y produisit
par l'intervention des armes suédoises.
La ville avait, une garnison de troupes impériales, peu nombreuse
d'ailleurs, quand Gustave Horn, après avoir occupé Benfeld,
Molsheim, Schlestadt, etc., déboucha dans la Haute Alsace vers
la fin de l'année 1632. La bourgeoisie de Colmar, mécontente
de la conduite des soldats et sans confiance en leur chef, refusa de
s'associer à la résistance du colonel Vernier et capitula,
le 19 décembre, après quelques .scènes tumultueuses
qui faillirent amener, dans la ville même, de sanglants conflits.
Le général suédois rétablit les protestants
dans leurs droits et leur rendit leur église, mais le nouveau
Magistrat luthérien se vit bientôt aux prises avec les
difficultés les plus graves. Les vainqueurs amis demandaient
de l'argent et des fournitures en nature énormes, et le commerce
des vins et des céréales, ressource principale de Colmar, était à peu
près paralysé par la guerre. Des 1.400 bourgeois que
l'on comptait en 1627, il en restait à peine 800, dont 200 prolétaires
et une centaine de veuves. Sans cloute Oxenstierna tâchait d'augmenter
les revenus de ses alliés colmariens ; en avril 1634, il leur
faisait doit de quelques villages, attenant à leur bailliage
de Sainte-Croix; en mai, il leur donnait, de compte à demi avec
la ville de Munster, l'administration de l'abbaye de ce nom. Mais après
la bataille de Noerdlingen, se sentant trop faible pour porter seule
le poids de la guerre en Alsace, la Suède s'effaçait
devant la France et lui confiait désormais la protection de
ses alliés dans la province.
Le Magistrat de la ville impériale ne fut pas médiocrement ému
de la signature de ce traité du 1er novembre, qui le mettait,
pour ainsi dire, à la disposition d'un tiers. Il y avait à craindre
que les villes d'Alsace ne préférassent encore faire
leur paix avec Ferdinand qui, selon le mot de Melchior de l'Isle, « les
appelait à soi et leur donnait carte blanche». Sans doute
Richelieu aurait préféré tenir Colmar comme une
conquête cédée par la Suède, que comme un
client qu'il faut ménager, mais le moment n'était pas
venu d'effaroucher les esprits. Aussi consentit-il à rassurer
les gouvernants de la ville impériale en faisant ratifier par
Louis XIII, le 2 août 1635, le traité de Rueil qui lui
garantissait toutes ses libertés et lui assurait la protection
royale jusqu'à la paix, après laquelle elle serait remise
en l'état qu'elle occupait avant les troubles d'Allemagne. Ce
fut un gentilhomme réformé, M. de Manicamp, qui fut nommé gouverneur
de la Haute Alsace et quand l'envoyé colmarien, le syndic Mogg,
prit congé du cardinal, celui-ci lui promit « que Colmar
serait secouru avec autant de zèle que Paris ».
Manicamp eut fort à faire en arrivant dans sa nouvelle résidence
; la misère y était grande, les blés manquaient
; déjà l'on y mangeait du pain fait avec des glands,
on rognait la maigre pitance des pensionnaires de l'hospice, on diminuait
le nombre des mercenaires de la garnison, et cependant l'on succombait
presque sous le fardeau de la dépense quotidienne. Quand le
gouverneur français, tombé en disgrâce à la
cour, fut remplacé par M. de Montausier, le futur duc et pair,
les affaires se trouvèrent encore en plus mauvais état,
car le nouveau venu, « jeune, fâcheux et suffisant »,
négligeait le service, ne se levait qu'à onze heures
du matin et blessait le Magistrat par ses dédains et sa hauteur.
On comprend que l'opinion publique, au moins parmi les protestants
de Colmar, se soit prononcée dans cette situation pour Bernard
de Weimar dont on n'appréhendait, peut-être à tort,
aucune usurpation dans l'avenir. Mais une fois le conquérant
de Brisach disparu, rien ne pouvait faire contrepoids à l'influence
française en Alsace, et bien que Mazarin fit ratifier au printemps
de 1644 le traité de Rueil par le petit roi, pour calmer les
appréhensions des Colmariens, ceux-ci n'en ressentirent pas
moins, dès ce moment, des inquiétudes mortelles, nourries
par les rapports de leur délégué au Congrès.
Un fait, d'ordre secondaire par lui-même, vint aviver encore
les craintes du Magistrat de Colmar. Le 28 novembre 1645, un religieux
de l'ordre de Cluny, Dom Charles Masuer, se présentait devant
lui, porteur de lettres royales, contresignées Brienne, par
lesquelles il était autorisé à prendre possession
du prieuré de Saint Pierre, qui, depuis plus de cent ans, appartenait à la
ville impériale, par suite d'un contrat de vente absolument
régulier. Le commandant de place, Clausier, était chargé de
procéder à l'éviction des détenteurs actuels.
Ainsi donc, au milieu des négociations ardues, au cours desquelles
il avait tout lieu de conserver la confiance des protestants d'Allemagne,
le gouvernement français s'exposait à les froisser et à les
désaffectionner, pour appuyer un coureur de bénéfices
! C'est qu'il se sentait déjà presque assuré du
résultat définitif, et c'est sur un ton presque dédaigneux
que Brienne répondait, le 15 novembre 1646, à un mémoire
de l'agent Beck sur les droits de Colmar : « Toute l'Alsace aurait
dû nous revenir, y compris Colmar et les autres villes impériales.
Mais comme on a objecté que c'étaient des villes libres...
on leur laissera leur indépendance »
On a vu dans le chapitre relatif aux négociations de la paix
de Westphalie comment furent enfin rédigés, en novembre
1647, en deux versions contradictoires juxtaposées, les paragraphes
qui, aux yeux de la France, tranchaient en droit, à son profit,
la question des villes impériales, des grandes comme des petites,
pour Colmar aussi bien que pour Turckheim et Kaysersberg. En fait,
il y eut pour l'exécution de la sentence, un répit qui
ne dura pas moins d'un quart de siècle, et l'on peut constater
que l'impression générale des habitants de Colmar, fort
pessimiste au moment de la signature du traité de Munster, était
devenue fort optimiste, quand immédiatement après la
fin de la lutte, ils avaient vu sortir de leurs murs la petite garnison
française qui y était depuis quinze ans. Puisque le coup
fatal qu'ils appréhendaient ne les avait pas immédiatement
frappés, ils se croyaient sauvés « La ville est
rentrée dans son état antérieur de ville libre
impériale; que Dieu en soit loué, béni et remercié ! » écrivait à ce
moment l'auteur de la Chronique de la Douane. Les événements
de 1673 devaient leur faire voir que cette joie était prématurée,
et en même temps que ses murs, dont les paysans du Sundgau arrachaient
avec entrain les fondements eux-mêmes, Colmar vit disparaître
alors ce qui lui restait d'importance politique. Ses habitants ne trouvèrent
qu'une faible consolation à cette disgrâce en pouvant
désormais s'étendre librement au dehors, car la nouvelle
enceinte, établie d'abord par ordre de Louis XIV, fut enlevée
bientôt après, et il ne resta tout autour de la ville
qu'un mur de briques, « un peu plus haut qu'une pique, et tel
qu'on en voit autour des parcs à gibier des grands seigneurs ».
Très malheureux d'abord du sort qui l'avait frappé, très
hostile, dans certaines couches de sa population du moins, aux éléments
nouveaux qui venaient s'y établir, Colmar fut, néanmoins
la ville d'Alsace qui changea le plus rapidement de physionomie; dès
la première moitié du XVIIIe siècle, elle devint
presque française de moeurs et de langage, grâce à l'influence
considérable de la cour, souveraine, et plus tard elle constitua
un centre scientifique et littéraire capable de rivaliser sur
certains domaines avec Strasbourg.
La constitution de Colmar avait été révisée
dans un esprit démocratique au XIVe siècle; la noblesse,
de tout temps peu nombreuse, n'existait plus même à l'époque
qui nous occupe. La prévôté impériale, autrefois
la magistrature la plus importante de la cité, avait été rachetée
par la ville dans la seconde moitié du XVe siècle, et
ce fut dorénavant un des magistrats annuels qui en remplit les
fonctions. Au moyen âge, les bourgeois étaient partagés
en vingt tribus ou corporations de métiers, déléguant
chacune un représentant au Conseil, mais une modification du
statut municipal, faite en 1521, d'accord avec le landvogt, Jacques
de Morimont, réduisit le nombre des tribus à dix, dont
chacune avait à nommer deux sénateurs. Les nobles, réunis
en curie à l'auberge de la Couronne, désignaient quatre
représentants. Cela donnait un Conseil (Rath) de vingt-quatre
membres. En outre, chaque tribu élisait plusieurs échevins
(Schoeffen) et un maître échevin (Obristzunfmeister) qui,
dans les occasions politiques plus importantes, étaient appelés, à donner
leur avis sur les décisions à prendre. Mais en temps
ordinaire, ce grand conseil des échevins (Schoeffenrath) ne
fonctionnait que pour choisir les quatre bourgmestres (Settmeister)
qui se succédaient par trimestre dans la régence, et
le prévôt.
Vers la fin du XVIe siècle, l'élection des représentants
de la noblesse cessa d'elle-même, les familles nobiliaires étant éteintes
ou ayant quitté la ville. Dès 1680, l'alternative confessionnelle
fut établie par les élections au Magistrat, et pour mieux
surveiller celui-ci, le gouvernement y créa, de même qu'à Strasbourg,
un préteur royal, qui devint naturellement le vrai chef du pouvoir
exécutif (1686).
Le prévôt et ses quelques assesseurs (Gerichtsherren)
formaient l’instance judiciaire inférieure. On en appelait
pour les affaires civiles et criminelles au Sénat ou Conseil
(Meister und Rath). Si l'objet en litige dépassait une valeur
de cinquante florins, il était permis d'en appeler une seconde
fois à la Chambre impériale de Spire; au criminel cependant,
la sentence restait acquise. Colmar avait de plus, comme Strasbourg,
une série de corps judiciaires spéciaux, juges matrimoniaux
(Ehegericht), commissaires aux tutelles (Waisenvoegte), etc.
Colmar était inscrit à la matricule de l'Empire pour
4 cavaliers et 30 fantassins, ou pour un « mois romain » de
168 florins. Elle contribuait pour 80 florins aux frais d'entretien
de la Chambre de. Spire. Ses revenus, bien diminués au moment
de sa soumission à la France se montaient, vers le milieu du
XVIIIème siècle, à environ 90,000 livres.
En dehors de ses murs, Colmar possédait au XVlle siècle
le village de Sainte-Croix en Plaine, acquis en 1536 d'un des membres
nobles de son Conseil. Durant l'occupation suédoise, le chancelier
Oxenstierna lui fit cadeau, comme nous l'avons indiqué déjà,
de quelques villages, Herrlisheim, Soultzbach, Holtzwihr et Wickerswihr,
enlevés à la famille de Schauenbourg, très attachée à la
cause impériale et catholique. Mais ces terres furent restituées,
même avant la signature des traités de Westphalie. Quant à la
seigneurie de Hoh-Landsberg, c'est au XVIIIe siècle seulement
que Louis XIV en conféra le domaine utile à la ville,
en échange des biens du prieuré de Saint Pierre, qu'il
lui demanda de céder au Grand Châpitre de Strasbourg.
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